La colonie portugaise de la «Cidade do Santo Nome de Dios de Macao» (Ngaomen des Chinois), située à l'ouest deHongkong, de l'autre côté de l'estuaire dans lequel se déverse la rivière desPerles, n'est pas officiellement séparée de la Chine. Le gouvernement dePeking n'a.jamais reconnu la domination absolue du Portugal sur cettepresqu'île, et, comme suzerain,
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Edição de 1877 |
il reçoit un impôt fixé par l'empereur Kanghi à 500 taels, soit environ 3700 francs, par l'entremise d'un mandarin résident. Toutefois l'ancienneté de la possession, qui date de l'année 1557, et les mesures énergiques prises par le gouverneur Amaral en 1849, ont fait de Macao une terre vraiment portugaise et la partie de la ville qu'occupent les Européens a tout à fait l'aspect d'une cité de l'Estramadure avec ses grandes maisons régulières, peintes en rouge ou en jaune, ornéesde lourdes balustrades, et ses vastes couvents transformés en casernes.
La population dite portugaise, à laquelle s'ajoute une garnison de 1400 hommes, se compose presque uniquement de métis; encore est-elle biené loignée de constituer la majorité des habitants; le principal quartier est celuides Chinois: c'est là que se presse la foqle et que se fait tout le travailde la colonie.
Même le quartier portugais, Praya-Grande, est partiellement envahi par les enfants de Ilan: il leur est défendu d'y construire des maisons, mais ils achètent celles des anciens maîtres lusitaniens, etremplacent l'image de la madone par l'autel des ancêtres.
La ville de Macao est bien située pour lecommerce. Elle occupe, au sud d'une grande île du delta, la plage méridionaled'une presqu'île accidentée, de 51 kilomètres carrés, qui se rattache àla terre ferme par un cordon de sable, la «Tige du Nénuphar», jadiscoupé de fortifications; au nord, sur le territoire chinois, on distingue les murailles de la ville de Tsing chan ou du «Mont Vert», à laquelle les Portugais ont donné le nom de Casabranca. La rade, protégée contre les vents du large par des îles montueuses, donne accès aux grands navires etaux jonques venues de l'intérieur, soit par la rivière des Perles, soit par l'estuaire occidental du Si kiang. Pendant près de trois siècles, Macao eutle monopole du commerce de l'Europe avec l'empire Chinois, mais l'ouverture d'autres ports aux échanges internationaux priva la ville portugaise de ses avantages exclusifs, et ses marchands, n'ayant plus à s'occuper de l'expédition des denrées, se mirent à faire le trafic de chair humaine: les barracôes de Macao devinrent les entrepôts des coulis capturés ou achetés dans les îles et sur le littoral, puis expédiés sous le nom d'engagés volontaires au Pérou et dans les Antilles. Les réclamations du gouvernement de Peking mirent un terme, en 1875, à cette hideuse traite, et désormais les engagements des émigrants présentent quelques garanties desincérité; en outre, la plu part des contrats se signent maintenant à Hoang pou, sur terre chinoise.
C'est à ses maisons de jeu que Macao doit sanotoriété actuelle parmi les cités de l'Extrême Orients. Le commerce local, presque entièrement entre les mains des négociants chinois, a quelque importance pour l'expédition desriz, des thésdes soies, du sucre, de l'indigo; mais presque tout ce trafic se fait par jonques, et peu de navireseuropéens se présentent dans le port: la plupart apportent du sel de Cochinchine. Le conseil municipal ou Leal senado (sénat loyal) est élu par lesuffrage universel.
Macao est fameuse dans l'histoire littéraire. Camoes y sé journa dix-huit mois, en 1550 et en 1560, et l'on dit qu'il y écrivit unepartie des Lusiades. Le propriétaire d'un jardin, «nommé le Parc de la Tourterelle blanche», montre un rocher fendu, formant une sorte de grotteque la tradition a consacrée comme le lieu dans lequel se retiraitle poète: ce serait là le «refuge conforme à ses soucis» où Camôes,se cachant «dans les entrailles du rocher, à la fois vivant et mort, enseveli etvivant», pouvait «gémir sans mesure et sans contrainte». Dans lecimetière de la ville est la tombe de Morrison, un des savants qui ont le plus faitpour l'étude de la langue et de la géographie chinoises. François deXavier, le célèbre missionnaire jésuite qui introduisit le catholicisme au Japonet qui fut canonisé comme «protecteur des Indes», mourut, en 1552, dansune île du littoral voisin, Tchangtchouen ou Sancian, dite Saint-John par les marins anglais.
Les Anglais de Hongkong ont acquis de nombreuses villas dans les alentours de Macao, pour y jouir de la brise marine qui souffle régulièrement sur les côtes.
A l'ouest de Macao se succèdent un grand nombre de ports sur le littoral de la Chine, des deux côtés de la péninsule projetée vers l'île de Haïnan; mais un seul havre de la région est ouvert au commerce européen, celui de Pakhoï (Peï haï) ou «MerBlanche», situé au bord d'une lagune, sur une plage méridionale de l'estuaire de Lientcheou, dans lequel remonte le flux du golfe de Tongking: les premiers navires européens ne se présentèrent dans la rade qu'en l'année 1879, et le mouvement des échanges avec l'extérieur n'a plus'élever encoreau niveau de celui des autres ports!; le poisson salé est le principal objet du commerce local. Mais il est certain que Pakhoï prendra de l'importance: là commence une route directe par Lientcheou et Yulin vers les districts fertiles du Yu kiang, dont les denrées s'expédient maintenant vers la mer par le long et pénible. (...)